Improvisations (le podcast)
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Aldor
Dans la joie et sans la repentance
2 minutes Posted Apr 19, 2024 at 1:30 am.
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Le printemps au dessus de Creissels















Il y a toujours, sur les chemins de Compostelle, une atmosphère, un parfum,  un suintement plutôt, de repentance ; toujours, ou très souvent, chez celles et ceux qui le parcourent, quelque chose qui relève de l’épreuve, du désir d’introspection, du besoin de faire le point, un point forcément difficile et torturant, avec soi-même. Et cela donne à la randonnée sur le Chemin une coloration, une lourdeur particulières, une gravité que, nolens volens, on ressent.



Marcher toute la journée, quand on a, accroché dans le dos, un sac toujours trop lourd, parce qu’il est gros non seulement de sa tente et de ce qui est nécessaire mais aussi de tout ce qui est inutile et dont on a cru pourtant ne pouvoir se passer ; marcher toute la journée, quand celle-ci commence son déclin et que les dizaines de kilomètres ont acquis le droit de se mettre au pluriel, est toujours fatiguant, du moins pour les petites natures. Mais c’est une fatigue légère, joyeuse, une fatigue enjolivée, constellée des paillettes de la vanité un peu ridicule qu’on éprouve dans l’exploit – et même dans ce qui ne l’est pas.



Quand les oiseaux chantent, que les hirondelles filent en tous sens, que les fleurs partout sont répandues sur l’herbe des prairies, que les papillons, les abeilles et les bourdons si gros, si poilus, si indifférents, si mignons, volètent d’un coeur à l’autre ; quand la splendeur du printemps éclate tellement qu’on en est ébahi, il n’y a que la joie, la joie dont on se laisse envahir, qui soit à la hauteur de la beauté du monde.



Le reste, qui ne peut émerger que par des chemins noirs et vicieux, qui se nourrit de notre renfermement et de notre fermeture ; le reste n’est qu’orgueil.



Vive les GR laïques. Et honnis soient les repentants et les remplis de gratitude !